Sandman : de la fourchette à la couette…

« Si les rêves disparaissent, alors l’humanité disparaitra aussi… » – Morpheus

Un individu passe en moyenne 1/3 de sa vie à dormir (ça fait pas mal de boulot pour Le Roi des Rêves). Et malgré les idées de certains, ce n’est pas du temps perdu : une vie sans sommeil est un mythe, un fantasme (et inversement).

Si 17h de veille active est l’équivalent de 0.5g d’alcool, la privation de sommeil est rapidement délétère et symptomatique : troubles de l’humeur, agitation psychomotrice, déficit de l’attention, vision perturbée pouvant aller jusqu’aux hallucinations, augmentation de la sensibilité à la douleur, désorganisation de la pensée, tachycardie, désorientation temporelle… Et ce dès la 26ème heure sans sommeil, avec une augmentation progressive des troubles et une diminution des performances jusqu’à 50% après 60h d’éveil continu.

Les expériences ont été réalisées sur des militaires (méthodo simple : privation de sommeil par divers moyens +/- amphétamines !!) et, à la lecture des résultats, ça ne donne pas envie de croiser un mec armé qui n’a pas dormi depuis 4 jours !

La privation et la limitation du sommeil (mais aussi les horaires décalés ou un sommeil de mauvaise qualité) a aussi des retentissements métaboliques : dysrégulation du métabolisme du glucose, augmentation de la résistance à l’insuline, et donc augmentation du risque de diabète, de surpoids ou d’obésité. Séquelles qui à leur tour impactent la qualité du sommeil en favorisant l’apparition d’un syndrome d’apnée obstructive du sommeil.

Le sommeil est donc indispensable à la vie et au maintien de la santé, car pendant que l’on dort, notre organisme fait un tas de chose : secrétions hormonales, synthèse protéiques, réparations cellulaires et/ou croissance, mémorisation…

Que peut-on faire derrière l’assiette pour que ça se passe bien sous la couette ?

Pas mal de chose en fait… À commencer par la composition du repas : un vrai repas, avec une portion de protéines animales (œuf, poisson, viande et/ou produits laitiers), des féculents (riz, pâtes, pommes de terre, légumineuses, patates douces, maïs, quinoa, etc.), sans trop de gras mais avec un dessert sucré !

  • Les viandes, poissons, œufs et les produits laitiers mais également les noix, noisettes, amandes, lentilles, pois chiches, avoine, maïs, riz, quinoa, apportent en quantité intéressante du tryptophane. Cet acide aminé essentiel (AKA « qu’on-ne-sait-pas-fabriquer-nous-même ») permet la synthèse d’un neurotransmetteur-clé : la sérotonine. Quand elle agit comme une hormone, elle régule l’humeur, l’appétit, la sensation de bien-être, mais aussi, via la mélatonine, l’induction du sommeil par un effet sédatif (c’est la sérotonine, qui est en PLS, après un vol New-York – Paris).
  • Les féculents vont apporter suffisamment d’énergie facilement disponible et dont votre corps va avoir la nuit (notamment pour la restauration des stocks de glycogène, amis sportifs !), car votre dépense énergétique n’est pas nulle durant le jeun nocturne. Et les réveils intempestifs dû aux fringales, c’est pas top. Mais ils facilitent également, l’absorption du tryptophane et donc la production de la sérotonine et le temps de sommeil lent, plus récupérateur.
  • Du gras, un peu… car point trop n’en faut ! Même si les repas gras et copieux induisent généralement une somnolence, le sommeil qui suit n’est pas de bonne qualité, fractionné par une digestion longue et complexe.
  • L’apport d’une touche sucrée en fin de repas est également un inducteur reconnu de somnolence via un flux de glucose vers une aire cérébrale de l’hypothalamus. Des fruits, des laitages, un verre de lait (naturellement riche en tryptophane), ou une tisane à base de plante reconnues comme apaisantes -tilleul, camomille, mélisse, valériane, passiflore…- peuvent s’intégrer à un rituel de coucher (la force des habitudes peut être supérieure à celle des plantes sur ce point !). Par contre on évite le chocolat, même noir, car il contient un peu de caféine…Et on n’oublie pas de se brosser les dents avant d’aller au lit !

Après le « quoi », il faut savoir choisir le « quand » …En clair « A quelle heure on dîne ? ». Les normands vont diront ni trop tôt, ni trop tard…Soit 2h minimum avant le coucher. Une collation légère est possible si le dîner a été trop anticipé ou si le coucher est retardé.

Bien sûr, d’autres aspects sont à prendre en compte : température de la chambre, lumière, consommation d’excitants au cours de la journée, prise l’alcool, nicotine (sous toutes ses formes) qui pourraient donner une suite à cet article pour faciliter le travail du Roi des Rêves, en évitant une surdose de sable à l’endormissement (effets spéciaux à pas faire soi-même si on veut éviter de sérieux problème de cornée !).

Le sommeil est un point commun à toute vie animale, malgré la supposée vulnérabilité qu’il engendre et doit donc être vu comme un avantage évolutif certain : ne sous-estimez pas ses effets sur la santé en général et le métabolisme en particulier. Soyez donc régulier et accueillant dans vos rendez-vous avec Morpheus, vous diminuerez ou retarderez vos possibles rencontres avec ses deux frangines des Infinis, Désespoir et Mort.

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